Open Floor / Thérapie en mouvement
« Une danse-thérapie… une thérapie en dansant ? Est-ce bien sérieux ? »… On reconnaît volontiers que danser fait du bien : toutes les études le confirment, les bénéfices du mouvement sur la santé physique et psychique sont nombreux. Mais de là à en faire une véritable « thérapie », il y a un pas… Pour Andrea Juhan, co-fondatrice d’Open Floor, qui porte depuis trente ans la double casquette d’enseignante et de psychothérapeute, cela ne fait pas un pli : la thérapie en mouvement constitue « la façon la plus vivante, joyeuse, sensuelle et sensible de faire un travail sur soi ».
Les origines : une approche qui puise dans différentes sources
C’est une des grandes originalités d’Open Floor d’avoir ouvert dans sa formation d’enseignants une « voie thérapeutique » spécifique – « Therapy in motion », destinée aux psychothérapeutes. Le but de cette formation créée et dirigée par Andrea Juhan n’est pas de former des « danse-thérapeutes », mais de donner à des thérapeutes expérimentés d’horizons divers des fondements théoriques, des outils et une méthodologie pour les aider à intégrer le mouvement dans leur accompagnement. La toute première promotion, ouverte en 2014, a ainsi réuni des Gestalt-thérapeutes, des psychologues, des art-thérapeutes, des praticiens en psychodrame, en systémie familiale, en IFS (Internal Family System), en Somatic Experiencing, en IBP (Integrative Body Psychotherapy), ou encore en dialogue intérieur… La méthode « Therapy in motion » constitue leur langage commun, que chacun peut intégrer dans son propre cadre.
La thérapie en mouvement (Therapy in Motion, TIM pour les intimes) est résolument enracinée dans la tradition de la psychologie humaniste. Centrée sur la personne, elle porte son attention non pas sur sa pathologie mais sur sa créativité et le potentiel naturel de chacun. Refusant tout dogmatisme, TIM se veut une pratique ouverte, et intègre le meilleur des pratiques psychocorporelles qui ont fait leur preuve, de la bioénergie reichienne à Body Mind Centering, en passant par le yoga et le Tai Chi, sans oublier la méditation dite de pleine conscience (Mindfulness)… Sur le plan théorique, elle se réfère à des sources variées, comme par exemple la Gestalt-thérapie, la théorie de l’attachement ou l’approche systémique. TIM intègre également les apports récents des neurosciences, qui ont révolutionné la façon d’aborder les troubles psycho-émotionnels, et ouvrent de nouvelles perspectives dans la résolution et l’intégration des traumas complexes, à la lumière, en particulier, des travaux de Daniel Siegel ou de Laurence Heller.
Redonner la primauté au corporel
Comment se déroule une thérapie en mouvement par rapport à une thérapie verbale ? Danser, comme parler, n’a rien de thérapeutique en soi. Danser de façon mécanique, c’est comme parler pour ne rien dire. La décharge d’énergie que procure la transe ou la catharsis émotionnelle soulage certes, mais son effet est temporaire. L’expérience nous laisse comme exsangue, épuisé, sans qu’aucun changement ne s’ensuive. Il se peut même que les empreintes traumatiques se creusent davantage à cette occasion.
Danser « en conscience », en habitant complètement son corps dans un mouvement qui manifeste pleinement ce qui nous traverse ici et maintenant, est une pratique d’une tout autre portée. Il s’agit de traduire dans le langage corporel et dans le mouvement les blocages existentiels, psychologiques ou émotionnels et affectifs qui entravent notre mouvement naturel de vie pour les faire évoluer et disparaître. Une grande partie de nos problèmes psychologiques vient en effet de ce que nous sommes décentrés, littéralement coupés de notre corps. Dans ces situations, chercher la solution « dans la tête » n’avance à rien et ne fait qu’entretenir le malaise. Il importe avant tout de reprendre corps, retrouver notre vrai centre, pour avoir une chance que s’ouvre devant nous une vraie perspective de changement et de guérison.
Une thérapie orientée « ressources »
TIM refuse de réduire une personne à son passé, ses symptômes, ses limitations physiques ou psychiques, ou encore à ses problèmes de comportement Ce n’est ni en s’y accrochant, ni en cherchant à les nier ou à les éliminer qu’on vient à bout de nos problèmes. Pour TIM, ceux-ci peuvent être des leviers de sagesse et de transformation, pour peu qu’on accepte d’en prendre la pleine responsabilité, et de cesser d’en blâmer son patron, son conjoint ou la société.
Aucune guérison véritable n’est possible si elle ne vient pas de soi-même. Dans ce cadre, le thérapeute n’est pas là pour nous sauver, mais pour nous accompagner et nous aider à retrouver par le mouvement accès à nos propres ressources et à redevenir acteur de notre vie. Par ressources, on entend les qualités de curiosité, de courage, de compassion mais aussi la créativité, le sens de l’humour et le sens du jeu. Cette dernière qualité est essentielle, pour éviter que notre histoire ne se joue de nous, il est important de savoir jouer avec, ce qui permet de s’en « décoller », la voir sous un angle moins dramatique.
En se mettant en mouvement, on rencontre immanquablement des résistances, des tensions, des points aveugles, des aspects de soi mal acceptés, voire détestés, des pans de son histoire mal assimilés, des émotions enkystées, des deuils non faits, des traumas non résolus… Pour aider la personne à les accueillir et à les traverser, le thérapeute doit créer autour d’elle le cadre de sécurité propice, avec le plus de bienveillance possible, en évitant tout risque de submergement. La condition même du changement n’est pas la volonté ou la force de caractère, ni même la résilience, mais l’acceptation bienveillante de soi et la capacité à entrer en amitié avec soi-même, sans conditions.
Contrairement à ce qu’on avançait encore il y a quelques années, les recherches en neurosciences ont mis en évidence notre capacité, même à un âge avancé, de surmonter un trauma ancien et de reprendre un processus de développement interrompu à cause d’un événement extérieur, d’un accident, d’un deuil, d’une rupture, ou d’une situation de maltraitance. « Il n’est jamais trop tard, insiste Andrea Juhan, pour renouer pleinement avec la vie. » Soutenir la personne sur son chemin de vie, pour qu’elle puisse être pleinement elle-même, et retrouver la simplicité et la joie d’être, c’est toute l’ambition de TIM.
A qui cela s’adresse-t-il ?
On peut s’engager dans un travail de thérapie en mouvement sans avoir jamais eu aucune expérience ni de la danse ni de la thérapie. On peut également participer à des sessions de thérapie en mouvement en parallèle à une thérapie verbale. TIM peut aussi convenir à des danseurs expérimentés qui ressentiraient le besoin d’être accompagné ponctuellement, comme à des pratiquants novices, ayant peu ou pas du tout d’expérience du mouvement, qui chercheraient un moyen de dépasser des blocages psychologiques et émotionnels indépassables dans le cadre d’un cours de danse habituel, qui demande une certaine aisance relationnelle et une relative autonomie. La taille réduite des groupes et la relation privilégiée avec l’enseignant thérapeute permet à des personnes que le groupe intimide de trouver le cadre propice leur permettant d’expérimenter le mouvement en toute sécurité.
Comme tout travail sur soi, un engagement sur la durée est nécessaire, si l’on souhaite en récolter tous les fruits. Généralement, les personnes qui entreprennent une thérapie en mouvement alternent séances individuelles et sessions de groupe. Le travail en groupe agit comme un catalyseur et un amplificateur du travail individuel. Les séances en face à face avec le thérapeute-enseignant aident la personne à mettre du sens et à intégrer les émergences et les changements survenus lors du travail en groupe.
En pratique : Un cadre à géométrie variable
Open Floor Therapy in Motion propose différents formats d’intervention thérapeutique : sessions individuelles (d’une à deux heures), petits groupes (dits « pods », rassemblant 3 à 4 participants, où chacun travaille en solo avec l’appui actif des autres participants, sessions d’une durée de 3 à 4 heures), ateliers ouverts (de 3 à 15 participants, de 2 à 3 heures), groupes continus fermés (de 6 à 15 participants, en journée ou en soirée, selon un rythme régulier, mensuel ou bi-mestriel), journées et week-ends résidentiels thématiques (Intelligence émotionnelle, Libido, Travail systémique, Gestalt-thérapie, etc.). Il est possible de combiner ces différents formats à la carte, selon ses besoins et ses attentes. Pour en tirer tout le bénéfice, il est nécessaire de s’engager sur la durée, dans une pratique régulière et suivie avec un thérapeute, avec qui créer une relation de confiance propice au dévoilement et au changement.
Vous êtes thérapeutes et vous souhaitez suivre la formation Therapy in motion ?
Pour en savoir plus sur la voie thérapeutique de la formation d’enseignants Open Floor, sur les prérequis, le déroulé et le contenu, rendez-vous sur la page Open Floor (www.openfloor.org, en anglais).
Open Floor est une approche globale et complète qui combine danse et art thérapie (Open Floor Art in Motion), qui permet de donner à son accompagnement de danse thérapeute de multiples formes.
Vous souhaitez entreprendre un travail thérapeutique Open Floor – Thérapie en mouvement ? Contactez-moi.