Gestalt-thérapie

Un peu d’histoire…

La Gestalt-thérapie est née dans les années 1950, aux États-Unis autour de la figure charismatique du psychiatre et psychanalyste Fritz Perls. Laura Perls, son épouse, le poète et romancier Paul Goodman, ou encore Isadore From, ont avec lui travaillé à son élaboration théorique et à son développement. Elle est apparue en France dans les années 1970, grâce en particulier à Serge Ginger, fondateur de l’École parisienne de Gestalt, et qui a développé une Gestalt-thérapie à la française (La Gestalt, l’art du contact, Maraboud, 2009).

Fille rebelle de la psychanalyse

Pour fonder la Gestalt-thérapie, les fondateurs et théoriciens ont rassemblé des éléments provenant de différents courants de pensée, traditions spirituelles et écoles philosophiques. La filiation avec la psychanalyse est plutôt conflictuelle. Fritz Perls, lui-même psychanalyste, s’inscrit en effet en rupture avec ses pairs, jugés trop normatifs et systématiques dans leur interprétation du symptôme. En 1941, son premier ouvrage ressemble à un règlement de comptes. Il propose une approche radicalement différente de la notion d’inconscient et de pulsion (Le Moi, la faim, l’agressivité, Tchou, 1978).

La Gestalt-psychologie et l’insistance sur les perceptions

C’est dix ans plus tard, en 1951, qu’est publié Gestalt thérapie, le livre fondateur, par Frederick Perls, Ralph Hefferline et Paul Goodman (L’Exprimerie, 2001). Le choix du mot d’origine allemande « Gestalt » (forme), que lui et ses comparses choisissent pour nommer la nouvelle thérapie qu’ils mettent en place, marque la volonté de se rattacher à un courant autre que celui de la psychanalyse, la Gestalt-psychologie. Celle-ci s’est développée dans les années 1910-1920 en parallèle à la psychanalyse. Elle met l’accent non pas sur la structure psychique interne de l’individu mais sur ses perceptions et la façon dont celles-ci influencent son rapport au monde.

De la conscience dans nos sens

Le problème, c’est que nos perceptions ne sont pas un filtre toujours pur et fiable. Elles sont encombrées de nous-mêmes, de nos désirs, de nos croyances, de nos jugements, de nos préconceptions, de nos affects… Y mettre de la conscience permet de faire la part des choses entre ce que nos sens perçoivent (notre vue, notre odorat, notre toucher, notre ouïe, notre goût), ce que nous éprouvons (nos émotions, nos désirs, nos besoins), et ce que nous imaginons (nos projections, nos interprétations, nos jugements). Prendre conscience de la façon dont nous fonctionnons permet d’avoir un rapport plus direct à ce qui est pour ce qu’il est comme il est.

Être au monde et frontière contact

L’insistance sur nos perceptions comme moyen de faire l’expérience directe véritable de ce qui est, au-delà de toute interprétation et préconception, rattache la Gestalt-thérapie à la phénoménologie et à la pensée de Husserl, mais aussi de Martin Heidegger. Notre être véritable se révèle et se déploie à travers notre être au monde dans l’ici et maintenant. Ex-ister, c’est se projeter en dehors de soi pour qu’en retour le monde nous révèle à nous-mêmes qui nous sommes.
Nous n’existons que dans l’ici et maintenant de l’expérience que nous faisons du monde à travers la perception qu’on en a. Tout travail d’exploration de l’individu passe donc par son rapport avec son environnement. La Gestalt opère alors une sorte de décentrage : de l’intérieur vers l’extérieur, de l’intrapsychique vers l’être au monde, en explorant l’endroit où le processus se déploie : la « frontière contact ».

Des individus libres et responsables

Le grand apport de la Gestalt-thérapie est d’avoir voulu restaurer la part de libre arbitre de l’être humain. L’influence de l’existentialisme de Jean-Paul Sartre est sur ce point très importante. Elle se traduit par un refus d’une lecture purement déterministe de l’existence, destin programmé d’avance sans que l’on est la moindre possibilité d’en influencer le cours. La Gestalt-thérapie se propose de redonner à l’être humain sa part de libre arbitre en l’aidant à se dégager des déterminismes sociaux, familiaux et éducatifs. Le sens de notre vie ne nous est pas donné, c’est nous qui le créons… Cette liberté est grisante. Elle ouvre devant nous des horizons dégagés, tout un champ de possibles. Mais elle peut donner le vertige, et nous confronter à une profonde angoisse existentielle, quand on prend conscience que rien n’est écrit d’avance et que nous sommes responsables de notre destinée. Elle nous met face à nos limites : les contraintes existentielles que représentent notre finitude (nous ne sommes pas immortels, ni nous ni nos créations), notre solitude (nous sommes unique au monde et irrémédiablement seul), notre quête de sens (la vie est aventure imprévisible, mais chaos, c’est nous qui lui donnons son sens), notre responsabilité (nos actes ont des conséquences que nous assumons pleinement), notre imperfection (nous pouvons nous tromper, nous égarer, rien n’est jamais acquis, nous ne sommes pas tout puissants).

Tous uniques

La Gestalt-thérapie s’inscrit également dans le vaste mouvement de la psychologie dite « humaniste », centré non pas sur le symptôme ou la maladie mais sur la personne. Elle se donne pour but de permettre à la personne de développer son individualité et son potentiel créatif. Mais elle n’est pas centrée sur l’intrapsychisme, sur la structure interne de la personne, sur la recherche de secrets cachés dans les tréfonds de l’inconscient, mais sur la façon dont elle entre en contact avec son environnement et déploie son être au monde dans l’ici et maintenant. C’est notre être au monde qui nous révèle tels que nous sommes.

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